Wednesday, February 27, 2013

Un monde meilleur

J’ai 10 ans.
On me dit souvent que je suis gentil. Je ne pense pas l’être plus que ça. Mais il est vrai que j’aime aider, j’aime faire plaisir aux gens. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me fait plaisir aussi. Quand les gens s'énervent, je m'énerve. Quand les gens pleurent, je pleure. Je ne comprends pas trop pourquoi, mais je le vis très bien. Même si malheureusement j’en ai gagné énormément en maturité. Je ne me sens pas à ma place avec mes camarades de classe, moi qui m’inquiète pour les fins de mois de mes professeurs, qui console les chagrins de coeur de la principale. Pourtant je ne suis pas plus intelligent, je ne peux pas sauter de classe. Ça non plus je ne l’explique pas.


J’ai 15 ans.
Je commence à comprendre. Après quelques recherches je sais désormais que je ne suis pas comme les autres. Tout le monde, ou presque, a de l’empathie. Visiblement j’ai un don. Je ne sais pas pourquoi mais je le fais, c’est tout. Mes expériences n’ont pas été des plus agréables, mais au moins maintenant j’en suis sûr. Faire pleurer ma grand-mère, énerver ma mère, décevoir mon père. Je l’ai fait et instantanément j’ai ressenti ce que j’avais voulu provoquer. Et ça ne m’arrive pas qu’avec les personnes qui sont dans la même pièce que moi. Je sais maintenant pourquoi j’ai ces excitations régulières la nuit depuis quelques années. Il semblerait que mes parents s’aiment toujours autant, malgré le fait que mon père aime plus sa secrétaire. J’ai envie de le dire à ma mère, mais je ne peux pas. Je ne veux pas qu’on en souffre.

J’ai 20 ans.
Cette capacité que j’ai appris à apprécier tourne au cauchemar. Plus je grandi, plus elle devient forte. J’ai quitté mes parents, je ne peux plus habiter dans une tour avec autant d’habitants. Même en maison je commence à ressentir toutes les émotions de mon quartier. J’ai cherché quelqu’un d’autre comme moi, je n’ai pas trouvé. Quand j’ai essayé d’en parler à mon médecin, sans entrer trop dans les détails, il m’a tout de suite dirigé vers un psychiatre. J’ai fait beaucoup plus attention avec ce dernier, j’ai utilisé ce que je pensais encore être un don pour m’assurer de ne pas trop en dire, je ne voulais pas terminer en asile. Mais même les médicaments ne suffisent plus.

J’ai 25 ans.
Je n’en peux plus. Je deviens fou. J’ai beau m’être isolé à la campagne, je capte désormais les émotions sur des centaines de kilomètres, si ce n’est plus. Et si seulement je captais toutes les émotions, mais non. J’ai rapidement appris que la souffrance, la tristesse et le malheur m’atteignent beaucoup plus vite et plus loin que les autres. J’ai l’impression que le monde n’est que douleur. Je veux en finir. Je ne veux plus rien ressentir. Je me suis renseigné, j’ai ce qu’il faut comme remède. Je vais en finir, maintenant.

J’ai 30 ans.
5 ans sont passés depuis ma tentative de suicide. Mon corps, en plus de m’avoir apporté cette malédiction, a trouvé drôle de développer une résistance presque surhumaine aux médicaments en tout genre. Sur le moment, j’ai regretté ces traitements lourds que mon psychiatre m’infligeait depuis tant d’années, source de cette résistance. Mais cette tentative n’aura pas été inutile. Je ne ressens plus rien. Plus aucune émotion. Mes intuitions précédentes étaient donc bonnes. Je n’ai jamais eu de sentiment. Je n’ai jamais rien ressenti moi-même. Je n’ai jamais été un gentil. J’ai juste volé les sentiments des autres. Libéré de ce fardeau, je peux désormais les apaiser. Maintenant je les aide différemment. J’ôte toujours leurs souffrances, mais je m’assure aussi qu’ils ne ressentent plus jamais rien.

Wednesday, February 20, 2013

Elle

Ce n’est qu’une simple soirée, une soirée pour faire plus ample connaissance avec ces nouvelles personnes, ces nouveaux amis potentiels. Je ne suis pas doué socialement, mais je sais faire illusion. J’ai rencontré la plupart de ces personnes sur internet, mon meilleur atout pour réussir mes premiers contacts. Quant aux autres, un mélange de collègue, d’amis de longue date et d’inconnus. Ce début de soirée se passait bien, j’arrivais à faire semblant d’être à l’aise.

Puis Elle est arrivée. Dès l’instant où la porte du bar s’est ouverte je l’ai vu, dès cet instant je n’ai plus vu qu’Elle. Bien sûr, je n’étais pas le seul à l’avoir remarqué, tous les regards se sont concentrés sur Elle en un instant. Et tandis que je restais bloqué, Elle vint vers moi. Vers nous. Elle était là pour nous rejoindre.

C’est très rare pour moi de ressentir ce genre d’attirance. Je suis plus un homme charmé par les discussions, par les rires, par les personnes. Mais Elle n’est pas ordinaire. Si on m’avait demandé de décrire mon idéal féminin, tout du moins physiquement, je l’aurai décrit Elle, au cheveu prêt, sans même l’avoir jamais rencontré. Elle est parfaite.

Par chance, Elle ne s’assied pas loin. Pas trop proche non plus, je n’aurai plus été capable de décrocher un mot. Mon illusion d’aisance du début de soirée n’existe plus. J’arrive encore à participer timidement aux conversations, mais je deviens de plus en plus un acteur passif. Un observateur. L’observant Elle. Je m’efforce d’être le plus discret possible, de ne pas lui faire peur. Ce serait bête, mais ce ne serait pas une première.

Tout se passe pour le mieux, j’arrive même à la faire rire lors d’une de mes rares interventions. Les conversations s’enchaînent. Petit à petit mon courage revient. Je ne me limite plus à de l’observation, ni a de rapides interventions. Je participe. Je lui montre que j’existe. Elle me voit. Elle me sourit.

Il commence à se faire tard, les premiers partent déjà. Le groupe se resserre, Elle est désormais à côté de moi. Je continue à prendre confiance en moi, j’ose désormais lui poser des questions, à centrer la conversation sur elle. Petit à petit, cette conversation de groupe devient une conversation à deux. Elle me captive. Il semblerait que je ne sois pas si inintéressant que ça non plus.

La soirée se termine, je lui propose de la raccompagner. Elle accepte, non sans feinter l’indécision. Sur le chemin, je lui propose mon manteau, avant de mettre mon bras autour de ses hanches. Ses hanches si jolies. Nous ne discutons plus, nous nous embrassons.

C’était une belle soirée. Ou plutôt elle aurait dû l’être. Cette soirée magnifique ne s’est déroulée que dans ma tête. Dès qu’Elle a fait son apparition, dès qu’Elle s’est assise à la même table que moi, mes lèvres ont été incapables de sortir le moindre son. Je n’étais même pas un observateur, j’étais l’homme invisible, incapable de lui montrer que j’existe. La soirée s’est finie, Elle m’a tout de même fait la bise. Même un simple “au revoir” n’arriva pas à sortir. Elle est partie, accompagnée évidemment. Et moi je rentre seul, comme toujours. Seul avec mon monde imaginaire.

Mes mondes à moi

Je suis un rêveur. Chaque instant crée une infinité de mondes dans ma tête. Vu qu'en plus j'aime lire, regarder des séries, des films, en gros rentrer dans le monde des autres, il se passe beaucoup chose dans ma tête. Du coup, j'aime bien canaliser cette imagination en écrivant.

Ca fait bien longtemps que je ne le fais plus. Par manque de temps, de motivation, et aussi principalement parce que je n'aime pas ce que je fais. Un peu comme tout le monde j'ai envie de dire, mais ça m'a suffit pour m'arrêter il y a quelques années.

Pourquoi m'y remettre maintenant ?
Déjà parce que je suis un mouton. Je discute et sort beaucoup avec d'autres gens qui aiment lire et écrire ces derniers temps. Donc mon envie que j'avais réussi à enfouir a ressurgit de plus belle. Ensuite, parce qu'écrire me fait du bien. Ca me permet de relâcher mon esprit, de lui laisser libre court. Et aussi simplement de m'occuper, de me défouler.

J'essayerai d'écrire ici le plus régulièrement possible, mais je sais très bien que je ne vais le faire que par période. Je compte écrire principalement des fictions. Vous aurez peut être droit à quelques billets d'humeur de temps en temps, quelques avis de films ou série, mais ce sera rare.

En me lisant, vous vous rendrez rapidement compte que je ne suis pas doué. Mon style est banal, mes histoires déjà vues et revues, mon orthographe et ma grammaire mauvais. Mais j'espère que vous prendrez tout de même du plaisir à me lire.