Monday, July 29, 2013

Un autre monde

Les premières notes se déposent au fond de mes oreilles. Des frissons parcourent déjà ma nuque. Je connais cet album par coeur, mais ça ne l’empêche pas de me toucher à chaque fois. De m’emporter au coeur de son histoire. De me faire

Ces voix sensuelles. Ces paroles simples et pourtant si compliquées. Ces basses qui me font vibrer jusqu’au fond de mon être. Cette émotion qui monte en moi. Ces souvenirs qui se réveillent. Ça y est, je suis à nouveau dans tes bras.

Tu me caresses. Tu me sers fort. Je suis au paradis. Mon corps réagit parfaitement à chacun de tes mouvements. Nous sommes une symphonie. Plus rien d’autre n’existe que nous deux. Nous ne sommes plus qu’un, pour toujours.

La musique s’arrête. Mes bras tremblent encore. Tu n’es pas là. Tu n’es plus là. Je sèche mes larmes. J’aime cet album.

Tuesday, July 23, 2013

Les démons de minuit

3h14.


Comme tous les soirs, je réfléchis. Beaucoup trop. Je ne comprends pas les autres, et je ne peux m’empêcher d’essayer. Plus je le fais, et moins j’y arrive. Les relations humaines sont une vraie torture. Chaque évènement apporte plus de questions que de réponses. Des questions m’empêchant de penser à autre chose, de les oublier.


Comme tous les soirs, je regrette. Je regrette d’avoir dit cela. Je regrette de ne pas avoir fait ceci. Je regrette d’être humain. J’imagine comment rattraper telle erreur, ou ce qui aurait pu arriver si je n’en avais pas fait. Pourtant je ne changerais rien à mon passé. Il n’est pas parfait. Il n’est pas ce que j’avais espéré. Je le connais, il a fait de moi ce que je suis. Et comme beaucoup, ce que je ne connais pas me fait peur. L’avenir me fait peur.


Comme tous les soirs, je pleure. Parce qu’il me manque, mais aussi parce que je suis seul. Je l’ai toujours été, et j’ai peur de l’être pour toujours. Cette solitude constante devient lourde à porter. Si lourde que mes épaules me font mal à longueur de temps. Elle m’écrase alors que je l’ai choisi. Maintenant que je n’en veux plus, je ne sais plus comment m’en défaire.


Comme tous les soirs, je ne dors pas. Je me force à me coucher à une heure raisonnable, mais mon corps, ou plutôt mon esprit ne veut pas dormir. À peine la lumière éteinte que mes pensées partent dans tous les sens. Chaque moment de la journée est analysé, disséqué, rejoué. Mes espoirs se transforment en film, créant un monde imaginaire que je ne veux plus quitter. Mes questions restent sans réponse.


Comme tous les soirs, j’essaye de dormir.

3h15.

Sunday, June 9, 2013

Toy Story

Tu m’as abandonné. Maintenant que tu as eu ce que tu voulais, maintenant que je suis déchiré, tu m’as abandonné. Tu m’as tout simplement laissé là comme un chiffon usé, sans même faire attention. Tu es juste passé à autre chose. Je l’avais vu venir pourtant.

Dès le premier regard, tu m’as voulu. Tu en avais déjà plein des jouets. Mais ils ne comptaient plus, c’est moi que tu voulais. Moi, cette poupée parfaite. Tu as fait un caprice. Tu as volontairement cassé d’autres jouets. Juste pour qu’on te remarque, qu’on comprenne ce que tu voulais. Et tu m’as eu. Tu étais heureuse, enfin. Je ne te quittais plus. A toute heure de la journée, de la nuit, j’étais dans tes bras. J’étais ton nouveau doudou, celui que tu ne pouvais pas ne pas avoir avec toi. Ta nouvelle peluche sans laquelle tu ne pouvais dormir. Je me sentais utile. Je me sentais aimé. Je me sentais heureux.

Mais tu en veux plus, toujours plus. Tu en trouves toujours un plus brillant. Un qui te fait oublier le précédent. Et pour avoir le nouveau, tu n’hésites pas à utiliser celui que tu as déjà. Tu tenais plus à moi qu’à n’importe quelle autre de tes anciennes peluches, alors tu as fait attention. Tu ne voulais pas m’abîmer. Tu me protégeais. Même quand tu avais réussi ton nouveau caprice, tu dormais toujours avec moi. Tu m’aimais toujours, même si je n’étais plus ton préféré.

Jusqu’au jour où tu as arrêté. Tu n’as plus eu besoin de moi. Tu as grandi, tu es passé à autre chose. Les peluches c’est fini pour toi. Et comme pour marquer la fin d’une époque, tu m’as encore utilisé pour ton dernier caprice. Et cette fois sans te retenir. Sans me protéger. Je suis resté seul, au fond d’un placard, déchiré. Plus aucun enfant ne pourra vouloir de moi après ça. Je ne suis plus un jouet. Je ne suis plus qu’un déchet qui attend désespérément d’être jeté.

Sunday, June 2, 2013

Partir un jour


Je n’en peux plus. Cette vie ne me convient plus. Trop de pression. On attend trop de moi. Je n’arrive plus à m’endormir le soir, par peur de me réveiller le lendemain. Je n’arrive pas à me réveiller le matin car la journée qui m’attend me dégoûte. Ce rythme effréné au travail, avec 5 urgences par seconde demandant mon avis à moi, nommé expert technique d’une multinationale quelques mois plus tôt, m’étouffe. Ce besoin de me parler qu’ont mes amis, encore une fois de rechercher des conseils auprès de moi, me fatigue. Cette attention demandée par une famille que je n’ai pas choisi m’ennuie. Je suis à bout.

C’est décidé, je pars. Sans rien dire. À personne. Ni à mes parents, ni à mon supérieur, ni à ma fiancée. Je pars loin. À l’autre bout de la France, de l’Europe, du monde. Je ne sais pas où mais je pars. J’abandonne cette vie et je ne me retournerai pas. Je n’embarque aucun moyen d’être contacté, je ne prends que ma carte d’identité, du liquide et des vêtements, juste de quoi passer la frontière. Cette vie ne me convenait plus, depuis des mois. J’en étais devenu misérable. Je me suis laissé faire, il était temps que j’agisse.

Enfin. Je suis parti. J’ai juste disparu. Nouvelle identité, nouveau travail, nouvelle vie. Je n’ai plus d’attache, plus d’amis, plus de famille. Je suis libre. J’en suis à mon troisième pays en deux ans. Je ne veux plus d’attache. Plus de pression, plus de souffrance. Je veux juste vivre. Faire ce que je veux, quand je le veux, avec qui je le veux. Et dès qu’on attend quelque chose de moi je pars. Une promotion en tant que responsable d’équipe ? Je pars. Une nouvelle connaissance avec qui j’ai passé quelques nuits agréables ? Je pars. Une personne qui commence à se confier ? Je pars.

Je fuis.

Friday, April 19, 2013

Only you


C’est impossible. Impossible que tu ne m’aies pas remarqué. Nous sommes dans les même cercles. Nous nous retrouvons toujours dans les même soirées. Et depuis la première fois que je t’ai vu, j’ai su. Su que je te voulais. Su que ton corps me hanterait. Ce que je ne savais pas par contre, c’est qu’il n’y a pas que ton corps qui m’intéresserait. Au fil des conversations, j’ai appris à te connaître. J’ai découvert ton humour, ta douceur, ta profondeur. Ce n’est plus ton corps qui hante mes rêves, c’est toi. Entièrement toi.

Mais je suis invisible. Je suis là, devant toi, et tu ne me vois pas. Je saute, je te fais des grands signes, mais tu ne réagis pas. Je suis prêt à tout pour toi. Je ne pense qu’à toi. Je te veux, mais tu ne me veux pas. Pourtant je ne suis pas moche, loin de là. Je pensais être quelqu’un d’intéressant, de drôle. Tu me fais douter. Je ne comprends pas. Je sais que je me débrouille bien. Toutes ces filles que je dois repousser parce que c’est toi qui m’intéresse le prouvent. Explique moi, dis moi ce qu’il me faut faire pour t’avoir. Je le ferai. Pour toi, je le ferai.

Mais non, j’ai beau tout tenter, même l’indifférence, rien ne marche. Je reste invisible à tes yeux. Pas comme lui. Ou lui. Ou même elle. Tu me déroutes. Encore une fois, je vais rentrer avec une inconnue. Une inconnue qui n’est pas toi. Une inconnue que je ne rappellerai pas. Une inconnue que je ne regarderai pas. Parce qu’elle n’est pas toi. Et que je ne veux que toi.

Saturday, April 13, 2013

Same mistake


Quel con.

Pourquoi ai-je fait ça ? Je le savais pourtant. Je savais qu’il ne fallait pas le faire. Et c’est pas comme ci j’avais douté. Non. Dès que l’idée est apparue dans mon esprit j’ai su. Su que c’était une connerie. Su que le faire serait la goutte de trop. Mais je l’ai fait quand même. Je ne suis pas bien en ce moment, et c’est toi qui en paie le prix. Belle façon de te remercier de ton affection, de ta présence, de ton aide.

Je me suis toujours considéré comme un mec bien. Quelqu’un qui ne fait pas mal aux autres. Quelqu’un qui est disponible quand il y a besoin. Quelqu’un qui sait écouter. Évidemment, j’ai aussi toujours su au fond de moi que si je n’ai jamais agi comme un connard, c’est principalement parce que je n’en ai jamais eu l’occasion. En tous cas avant ce soir. Et bizarrement, dès que j’ai eu à choisir, j’ai plongé la tête la première dans le monde des hommes, des vrais, de ceux en qui on ne peut avoir confiance.

Heureusement ce n’était rien de grave. Tu me le pardonneras, je le sais. Mais moi je ne me pardonnerai pas. J’aurai toujours cet acte dans ma tête. Toujours cette parole cinglante que je n’aurai jamais dû te dire, surtout que tu ne le mérites pas. Mais ce qui est fait est fait. Je sais donc que je ne suis pas un mec bien. Maintenant j’attends. J’attends ton départ que je sais inévitable. Tu ne t’en doutes pas encore, mais ce soir j’ai déclenché la fin de notre histoire. Je l’ai déjà vécu, et comme un idiot je n’ai pas retenu la leçon de mes erreurs passées.

Quel connard.

Sunday, March 24, 2013

Home alone


La solitude. Ma meilleure amie sans qui je ne pourrais survivre. Quand je l’ai délaissé, j’ai souffert. Des blessures si fortes que j’en étais sonné. Abasourdi. Je ne pensais pas pourvoir ressentir une douleur aussi importante. Depuis je n’ai plus personne. Je suis seul avec moi même. Et je le vis bien.


Comment ai-je pu arrêter d’être seul ? Aucune contrainte. Aucune attente. Aucune déception. C’est parfait. Je ne souffre plus. Je ne me pose plus de question. Insomniaque depuis aussi loin que je m’en souvienne, j’ai retrouvé un cycle de sommeil normal. J’arrive même à m’endormir à des heures raisonnables. Je fais ce que je veux. Je suis de nouveau un adolescent. Sans attache, je profite de ma vie. Je joue, je regarde des films et séries, je lis, je travaille. Je suis bien. Je n’ai aucun manque. Aurais-je trouvé la solution à mon bonheur ? Je le pense.


Parfois ma famille prend des nouvelles. Pas souvent, ils sont habitués à ne pas entendre parler de moi pendant plusieurs mois. Et même lorsqu’ils m’appellent, je n’ai pas grand chose à dire. “Oui le travail se passe bien”, je fais toujours la même chose, rien de nouveau. “Oui je vais bien”. Et toujours ce petit mensonge pour finir, “oui je me fais des amis”. Ça leur convient visiblement. Moi aussi.


En tous cas jusqu’à ce que je te rencontre. Je ne sortais quasiment jamais, mais j’acceptais de temps en temps une invitation pour paraître normal. Je pensais ma vie suffisante, mais tu m’as fait voir ce qu’il me manquait. Tu m’as fait comprendre que j’avais perdu deux ans de ma vie à éviter le moindre rapprochement. Tu m’as permis de cicatriser, enfin. Ta présence seule m’a permis de guérir. Ton sourire m’a permis de ressentir. Ton regard m’a permis d’aimer. Je ne te remercierai jamais assez pour ça. Je ne t’aimerai jamais assez pour ça. Mais je sais désormais ce qu’est le bonheur, le vrai. Celui d’être dans tes bras, dans ton coeur.

Tuesday, March 19, 2013

J'ai mal


Mon coeur me fait mal.

J’ai toujours été un solitaire. Malgré cela, j’ai petit à petit laisser les gens entrer dans ma vie. Jusqu’à aimer. Je commençais à croire que c’était ça la vie. Parler avec des personnes qu’on aime. Vivre de beaux moments avec eux. Se sentir aimer. Ne pas vouloir dormir pour profiter de chacun de leurs instants disponibles. Le bonheur. Ou ce que j’ai cru être le bonheur.

Cette douleur horrible.

Rapidement les premiers doutes apparaissent.
“Est-ce que cette personne s’attache autant que moi je m’attache ?”
“Est-ce qu’elle est franche avec moi ?”
“Est-ce que je peux lui faire vraiment confiance ?”
Autant de questions venant gâcher ce paradis. Le sommeil commence à disparaître. Non pas parce qu’on vit au maximum, mais parce que l’esprit et le coeur ne s’arrêtent plus, ne peuvent plus faire de pause.

Je n’en peux plus.

Puis arrivent les premières déceptions. J’ai eu de la chance, ces déceptions ont été légères. Mais j’aurai dû me préparer à ce qu’elles annonçaient... D’abord cet ami qui ne donne plus de nouvelles du jour au lendemain. Puis celui-ci qui semble t’en vouloir sans que tu saches pourquoi. Les broutilles de la vie, inévitables. Mais tu ne te laisses pas abattre, ce n’est rien de grave. Les vraies personnes qui comptent, que tu aimes, sont toujours là, parfaites.

Pourquoi cela fait-il aussi mal ?

Jusqu’au jour où ce sont ces personnes qui te déçoivent. Qui te trahissent. Le bonheur était faux. Il ne t’a été donné que pour mieux te faire souffrir. Les deux personnes les plus proches, en qui j’avais totalement confiance, m’ont trahi. Tour à tour. D’abord lui, qui a pris ma confiance, et s’en est servi contre moi. Puis elle, à qui j’ai donné mon coeur, seulement pour le voir réduit en miette.
Un couteau, c’est donc ça la douleur.

Je ne peux plus souffrir. Je ne veux plus souffrir. Jamais. A partir de maintenant, je ne me donnerai plus. Je resterai seul. Mais je ne souffrirai pas. Plus jamais je ne me laisserai atteindre.

Friday, March 8, 2013

J'ai failli attendre

Voilà. La question est envoyée. On parle depuis une semaine maintenant. Rien d’exceptionnel, quelques petites discussions légères. Je l’ai rencontré à l’anniversaire d’un ami. J’ai tout de suite fondu devant son regard. On a échangé quelques mots, mais je n’étais pas à l’aise. Je ne le suis jamais. En rentrant de soirée, un peu éméché, j’ai osé ajouter son compte Facebook. Elle m’a accepté. Comme ça c’est plus facile.

Cinq minutes que je lui ai posé la question. Le site me dit qu’elle est connectée. Je la vois même passer de temps en temps dans mon fil d’activité. Mais mon message n’a semble-t-il pas été vu. Elle m’ignore. C’est si facile de lire le message sans qu’il soit marqué lu. Je ne sais pas ce que j’ai fait de mal, mais j’en suis sûr, j’ai tout fait foirer. Je ne comprends pas. Il faut que je lui demande ce qu’il se passe, pourquoi elle m’évite. Non. Attends. Peut être qu’elle ne l’a vraiment pas vu. Retiens toi. S’il te reste une chance, il ne faut pas la gâcher comme ça, ne soit pas idiot.

Ah ! Le message est marqué vu. Heureusement que j’ai attendu. Enfin, plutôt qu’elle ait lu le message avant que j’appuie sur la touche entrée. Il ne s’était écoulé que 10 minutes, c’était déjà trop. Sa réponse ne va donc pas tarder. En tous cas je l’espère. Peut être qu’elle a juste cliqué par accident. Ou pire, peut être qu’elle veut que je sache qu’elle a vu mon message, mais qu’elle choisit de ne pas y répondre. Qu’est-ce que je peux bien avoir fait ? J’ai vraiment tout fait pour ne pas être lourd, ni collant. Pour ne pas trop montrer mon intérêt pour elle, sans pour autant paraître distant. Non je ne comprends toujours pas.

Dix minutes depuis sa lecture du message. Pourtant ma question n’est pas longue, elle ne contient que six mots. Il faut que je me retienne. Ne pas la harceler. Ne pas lui montrer que je suis fou. Ne pas lui montrer qu’elle m’intéresse plus qu’aucune fille ne m’a jamais intéressée. Mais elle n’a toujours pas répondu. Je sais. J’ai une solution pour être sûr que je ne fais pas une erreur. Je vais en parler avec mes deux meilleurs amis. Ils sont plus à l’aise que moi, et aussi plus courtisés. Ils sauront m’aider.

Trente minutes sans réponse. C’est impressionnant le nombre de scénario qu’on imagine en si peu de temps. D’après mes conseillers, il vaut mieux attendre l’heure passée avant de relancer. Et il faut juste relancer. Rien de plus. Paniquer, demander quel est le problème, et s’excuser, ce n’est pas une bonne idée. Elle a juste dû oublier le message parce qu’elle est occupée.

Ça y est ! Enfin, elle est en train d’écrire. Elle me répond. Les caractères s’affichent sur mon écran. La délivrance. Le mot tant attendu, tant espéré. Elle a dit oui. Elle est vraiment parfaite. Donc oui, elle aussi est une fan de Buffy. Il ne me reste plus qu’à trouver le courage de lui proposer de se voir.

Wednesday, February 27, 2013

Un monde meilleur

J’ai 10 ans.
On me dit souvent que je suis gentil. Je ne pense pas l’être plus que ça. Mais il est vrai que j’aime aider, j’aime faire plaisir aux gens. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me fait plaisir aussi. Quand les gens s'énervent, je m'énerve. Quand les gens pleurent, je pleure. Je ne comprends pas trop pourquoi, mais je le vis très bien. Même si malheureusement j’en ai gagné énormément en maturité. Je ne me sens pas à ma place avec mes camarades de classe, moi qui m’inquiète pour les fins de mois de mes professeurs, qui console les chagrins de coeur de la principale. Pourtant je ne suis pas plus intelligent, je ne peux pas sauter de classe. Ça non plus je ne l’explique pas.


J’ai 15 ans.
Je commence à comprendre. Après quelques recherches je sais désormais que je ne suis pas comme les autres. Tout le monde, ou presque, a de l’empathie. Visiblement j’ai un don. Je ne sais pas pourquoi mais je le fais, c’est tout. Mes expériences n’ont pas été des plus agréables, mais au moins maintenant j’en suis sûr. Faire pleurer ma grand-mère, énerver ma mère, décevoir mon père. Je l’ai fait et instantanément j’ai ressenti ce que j’avais voulu provoquer. Et ça ne m’arrive pas qu’avec les personnes qui sont dans la même pièce que moi. Je sais maintenant pourquoi j’ai ces excitations régulières la nuit depuis quelques années. Il semblerait que mes parents s’aiment toujours autant, malgré le fait que mon père aime plus sa secrétaire. J’ai envie de le dire à ma mère, mais je ne peux pas. Je ne veux pas qu’on en souffre.

J’ai 20 ans.
Cette capacité que j’ai appris à apprécier tourne au cauchemar. Plus je grandi, plus elle devient forte. J’ai quitté mes parents, je ne peux plus habiter dans une tour avec autant d’habitants. Même en maison je commence à ressentir toutes les émotions de mon quartier. J’ai cherché quelqu’un d’autre comme moi, je n’ai pas trouvé. Quand j’ai essayé d’en parler à mon médecin, sans entrer trop dans les détails, il m’a tout de suite dirigé vers un psychiatre. J’ai fait beaucoup plus attention avec ce dernier, j’ai utilisé ce que je pensais encore être un don pour m’assurer de ne pas trop en dire, je ne voulais pas terminer en asile. Mais même les médicaments ne suffisent plus.

J’ai 25 ans.
Je n’en peux plus. Je deviens fou. J’ai beau m’être isolé à la campagne, je capte désormais les émotions sur des centaines de kilomètres, si ce n’est plus. Et si seulement je captais toutes les émotions, mais non. J’ai rapidement appris que la souffrance, la tristesse et le malheur m’atteignent beaucoup plus vite et plus loin que les autres. J’ai l’impression que le monde n’est que douleur. Je veux en finir. Je ne veux plus rien ressentir. Je me suis renseigné, j’ai ce qu’il faut comme remède. Je vais en finir, maintenant.

J’ai 30 ans.
5 ans sont passés depuis ma tentative de suicide. Mon corps, en plus de m’avoir apporté cette malédiction, a trouvé drôle de développer une résistance presque surhumaine aux médicaments en tout genre. Sur le moment, j’ai regretté ces traitements lourds que mon psychiatre m’infligeait depuis tant d’années, source de cette résistance. Mais cette tentative n’aura pas été inutile. Je ne ressens plus rien. Plus aucune émotion. Mes intuitions précédentes étaient donc bonnes. Je n’ai jamais eu de sentiment. Je n’ai jamais rien ressenti moi-même. Je n’ai jamais été un gentil. J’ai juste volé les sentiments des autres. Libéré de ce fardeau, je peux désormais les apaiser. Maintenant je les aide différemment. J’ôte toujours leurs souffrances, mais je m’assure aussi qu’ils ne ressentent plus jamais rien.

Wednesday, February 20, 2013

Elle

Ce n’est qu’une simple soirée, une soirée pour faire plus ample connaissance avec ces nouvelles personnes, ces nouveaux amis potentiels. Je ne suis pas doué socialement, mais je sais faire illusion. J’ai rencontré la plupart de ces personnes sur internet, mon meilleur atout pour réussir mes premiers contacts. Quant aux autres, un mélange de collègue, d’amis de longue date et d’inconnus. Ce début de soirée se passait bien, j’arrivais à faire semblant d’être à l’aise.

Puis Elle est arrivée. Dès l’instant où la porte du bar s’est ouverte je l’ai vu, dès cet instant je n’ai plus vu qu’Elle. Bien sûr, je n’étais pas le seul à l’avoir remarqué, tous les regards se sont concentrés sur Elle en un instant. Et tandis que je restais bloqué, Elle vint vers moi. Vers nous. Elle était là pour nous rejoindre.

C’est très rare pour moi de ressentir ce genre d’attirance. Je suis plus un homme charmé par les discussions, par les rires, par les personnes. Mais Elle n’est pas ordinaire. Si on m’avait demandé de décrire mon idéal féminin, tout du moins physiquement, je l’aurai décrit Elle, au cheveu prêt, sans même l’avoir jamais rencontré. Elle est parfaite.

Par chance, Elle ne s’assied pas loin. Pas trop proche non plus, je n’aurai plus été capable de décrocher un mot. Mon illusion d’aisance du début de soirée n’existe plus. J’arrive encore à participer timidement aux conversations, mais je deviens de plus en plus un acteur passif. Un observateur. L’observant Elle. Je m’efforce d’être le plus discret possible, de ne pas lui faire peur. Ce serait bête, mais ce ne serait pas une première.

Tout se passe pour le mieux, j’arrive même à la faire rire lors d’une de mes rares interventions. Les conversations s’enchaînent. Petit à petit mon courage revient. Je ne me limite plus à de l’observation, ni a de rapides interventions. Je participe. Je lui montre que j’existe. Elle me voit. Elle me sourit.

Il commence à se faire tard, les premiers partent déjà. Le groupe se resserre, Elle est désormais à côté de moi. Je continue à prendre confiance en moi, j’ose désormais lui poser des questions, à centrer la conversation sur elle. Petit à petit, cette conversation de groupe devient une conversation à deux. Elle me captive. Il semblerait que je ne sois pas si inintéressant que ça non plus.

La soirée se termine, je lui propose de la raccompagner. Elle accepte, non sans feinter l’indécision. Sur le chemin, je lui propose mon manteau, avant de mettre mon bras autour de ses hanches. Ses hanches si jolies. Nous ne discutons plus, nous nous embrassons.

C’était une belle soirée. Ou plutôt elle aurait dû l’être. Cette soirée magnifique ne s’est déroulée que dans ma tête. Dès qu’Elle a fait son apparition, dès qu’Elle s’est assise à la même table que moi, mes lèvres ont été incapables de sortir le moindre son. Je n’étais même pas un observateur, j’étais l’homme invisible, incapable de lui montrer que j’existe. La soirée s’est finie, Elle m’a tout de même fait la bise. Même un simple “au revoir” n’arriva pas à sortir. Elle est partie, accompagnée évidemment. Et moi je rentre seul, comme toujours. Seul avec mon monde imaginaire.

Mes mondes à moi

Je suis un rêveur. Chaque instant crée une infinité de mondes dans ma tête. Vu qu'en plus j'aime lire, regarder des séries, des films, en gros rentrer dans le monde des autres, il se passe beaucoup chose dans ma tête. Du coup, j'aime bien canaliser cette imagination en écrivant.

Ca fait bien longtemps que je ne le fais plus. Par manque de temps, de motivation, et aussi principalement parce que je n'aime pas ce que je fais. Un peu comme tout le monde j'ai envie de dire, mais ça m'a suffit pour m'arrêter il y a quelques années.

Pourquoi m'y remettre maintenant ?
Déjà parce que je suis un mouton. Je discute et sort beaucoup avec d'autres gens qui aiment lire et écrire ces derniers temps. Donc mon envie que j'avais réussi à enfouir a ressurgit de plus belle. Ensuite, parce qu'écrire me fait du bien. Ca me permet de relâcher mon esprit, de lui laisser libre court. Et aussi simplement de m'occuper, de me défouler.

J'essayerai d'écrire ici le plus régulièrement possible, mais je sais très bien que je ne vais le faire que par période. Je compte écrire principalement des fictions. Vous aurez peut être droit à quelques billets d'humeur de temps en temps, quelques avis de films ou série, mais ce sera rare.

En me lisant, vous vous rendrez rapidement compte que je ne suis pas doué. Mon style est banal, mes histoires déjà vues et revues, mon orthographe et ma grammaire mauvais. Mais j'espère que vous prendrez tout de même du plaisir à me lire.